Interview de Marine Charles, directrice générale Western Europe de B&B Hotels. « On espère un déploiement important aux Etats-Unis et Royaume Uni »
Fondée à Brest en 1990, où y est toujours son siège, B&B Hotels vient d’inaugurer son 400è établissement français, dans sa ville d’origine. A cette occasion, on fait le point sur son développement et les projets, avec Marine Charles, qui a rejoint début 2024, la chaine hôtelière en tant directrice générale sur la zone Western Europe (France, Suisse et Belgique).
Où est en aujourd’hui B&B Hotels (1,3 Mds€ de CA en 2023) dans le développement de son réseau, alors qu’en début d’année, il avait été annoncé l’objectif d’atteindre les 3 000 hôtels d’ici 10 ans à l’échelle mondiale ?
Marine Charles : Nous avons aujourd’hui près de 820 hôtels, dont 400 en France. Et le développement s’est accéléré ces dernières années, avec une centaine d’hôtels ouverts en France ces trois dernières, alors qu’on avait mis 9 ans pour les 100 précédents. Le dynamisme est aussi important en Belgique, où l’on va augmenter le parc de 30 % cette année. On continue aussi en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie… et dans les 17 pays où nous sommes déjà présents, des opportunités de croissance ont été identifiées, soit par des ouvertures ou des rachats d’hôtels. Sans oublier le Royaume-Uni et les USA, avec trois premiers hôtels ouverts en début d’année. On espère aussi y avoir des développements importants.
Ces projets passent-ils par la création de nouveaux concepts, à l’image de B&B Home ?
B&B Home est un nouveau concept, encore gestion, avec un 1er hôtel ouvert à Saint-Ouen avant l’été. Il vise à répondre aux besoins de nos clients en recherche de séjours un peu plus longs qu’une ou deux nuits, la moyenne chez B&B. Toujours pour se différencier, et répondre à nos convictions environnementales, avec beaucoup de recyclage en termes de d'aménagement et encore plus ancré localement, avec un travail avec des artistes et des associations de proximité.
B&B Hotels est la 2è chaîne d’hôtellerie économique en Europe. Comment vous vous adaptez aux nouvelles attentes, vers un tourisme plus durable ?
Nous avons déjà une empreinte carbone qui est parmi les plus faibles du secteur hôtelier. Et l’on veut continuer à la réduire dans les prochaines années, malgré notre développement. On va donc accentuer notre travail autour des questions de l’énergie, du chauffage, de l’eau… On travaille par exemple avec Engie sur le déploiement de bornes électriques pour offrir une mobilité plus durable à nos clients. On tend aussi à aller progressivement vers une suppression définitive du plastique à usage unique dans nos lobbys et nos chambres. La RSE a aussi une dimension sociétale. Et notre modèle, qui promeut l’entrepreneuriat est déjà un modèle qui permet de jolis parcours. Nous sommes, et je le suis particulièrement, sensible à la question de la mixité. C’est un enjeu fort, et l’on est déjà pas si mauvais avec, à date, 45 % de femmes dans des postes de direction. Ce qui n’était pas le cas dans le retail, domaine duquel je viens.
Dans l’hôtellerie, il existe de nombreux modèles de développement. Quel est celui de B&B Hotels ?
Dans une logique d’agilité et de proximité opérationnelle, nous avons plusieurs modèles. Mais le succès de B&B Hotels a reposé sur un modèle entrepreneurial : 70 % de nos hôtels sont pilotés par des gérants mandataires, qui peuvent en gérer plusieurs, à l’image de Guillaume et Jonathan Cardoso, à la tête de notre nouvel hôtel de Brest. Ils en ont désormais quatre sous mandat, et un en franchise. C’est un modèle qui représente 20 % de notre parc, et qui nous permet d’aller dans d’autres localisations. On en a aussi une partie, en propre, sur un certain nombre d'hôtels historiques. On continue à faire notre métier d’hôtelier !
Le siège du groupe est toujours localisé à Brest. Comment cela se traduit concrètement ?
B&B Hotels a été fondé à Brest. Et y a ses racines. La majeure partie des équipes, les 2/3 environ, de la direction Europe de l’Ouest est encore à Brest. Ce sont les pôles RH, finance, marketing, et une partie des équipes “développement“. Au fur et à mesure du développement de l’enseigne, on a aussi des salariés à Paris, et c’est d’autant plus facilité avec le travail à distance. Sur Brest, les équipes sont réparties sur quatre sites. Et l’on a des projets d’évolution. Ce n’est pas encore définitif, il est encore trop tôt pour en parler.
En avril dernier, Bloomberg News évoquait la possible revente du groupe par Goldman Sachs Group, votre actionnaire principal depuis 2019. Qu’en est-il ?
Il y a toujours des rumeurs ! Vous savez, nous sommes dans une société sous LBO depuis cinq ans, les rumeurs vont continuer. Après, oui, on sera vendu un jour. Cela fait partie de la vie des entreprises en LBO. Après l’important, et comme cela a été jusqu’à maintenant quel que soit les actionnaires, c’est que le projet d’entreprises soit poursuivi !