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Décryptage. Comment la Normandie a raflé la mise après l’échec de Liffré : les dessous du projet Bridor

Pour l'occasion, Hervé Morin, ici aux côtés de Louis Le Duff, a fait flotter le drapeau breton au conseil régional de Normandie, mercredi 23 avril.
Pour l'occasion, Hervé Morin, ici aux côtés de Louis Le Duff, a fait flotter le drapeau breton au conseil régional de Normandie, mercredi 23 avril. |
  • Pour l'occasion, Hervé Morin, ici aux côtés de Louis Le Duff, a fait flotter le drapeau breton au conseil régional de Normandie, mercredi 23 avril.
    Pour l'occasion, Hervé Morin, ici aux côtés de Louis Le Duff, a fait flotter le drapeau breton au conseil régional de Normandie, mercredi 23 avril. |

Bridor devait implanter une nouveau site à Liffré, en Ille-et-Vilaine. C’est finalement dans le pays de Falaise, en Normandie, que l’usine du groupe Le Duff va voir le jour, en un temps record, avec un investissement chiffré à 100 M€. Une réussite qui s’explique par une méthode directe, une culture industrielle assumée… Et une discrétion bien orchestrée.

Le 30 mai 2023, Louis Le Duff annonce l’abandon de son projet d’usine Bridor à Liffré (35), mis en pause après de longs mois de bras de fer avec des associations environnementales. Le lendemain, Hervé Morin, président de la Région Normandie, se procure le numéro de portable de l'entrepreneur breton, décroche son téléphone et l'appelle…en direct. Il négocie ensuite avec les élus de la communauté de communes de Falaise pour gagner du temps. Quatre mois plus tard, le dossier est bouclé. Une rapidité d’exécution qui en dit long sur les ressorts du modèle normand. Là où la Bretagne a buté, la Normandie a déroulé.

Un "pack élus" à la normande

Le secret ? Un combo gagnant : élus locaux solidaires, circuits courts de décision, et une culture industrielle profondément ancrée. « En Normandie, quand une usine s’installe, tout le monde est content », glisse un acteur du dossier qui tient à garder l’anonymat. Ici, l’industrie n’est pas un gros mot : « C’est dans notre ADN. Un emploi industriel, c’est trois emplois indirects. On joue collectif », poursuit-il. Ce jeu collectif, les élus l’appellent le pack. Région, intercommunalité, services de l’État : tout le monde sur la même ligne. Résultat : un permis de construire délivré en trois mois, un PLU modifié à la carte pour épouser les contours de l’usine, des aides régionales à hauteur de 8 M€. Et une volonté commune, de l’extrême gauche aux Républicains, de peser dans les grands projets. C’est aussi vrai pour le projet d’EPR à Penly, un sujet qui pourtant divise, les courriers étaient signés par une majorité d’élus, toutes tendances confondues.

Un deal ficelé à grande vitesse

Côté méthode, la Normandie assume un fonctionnement "circuit court". Un coup de fil Morin-Le Duff, un mois plus tard un rendez-vous à Paris, un mois de négociations, et un mois après… c’est fait. Le dossier Bridor a été plié en trois mois. Il faut dire aussi que le groupe breton n’a pas posé la première pierre sur un terrain vierge. Le groupe a repris un site de Frial, déjà racheté quelques années plus tôt par le groupe Le Duff, avec des réserves foncières disponibles et une activité existante transférable à Bayeux. Les contrats de travail ont discrètement été transformés en contrats Bridor. La communication, elle, est restée "extrêmement maîtrisée". Personne ou presque n’a fait le rapprochement entre l’échec de Liffré et la transformation de Frial.

Le Duff accueilli avec le drapeau breton

Là où en Bretagne historique les divisions politiques peuvent être un frein au développement économique, dans cette terre qui, depuis l'abandon de l'aéroport Notre-Dame des Landes, cultive des ZAD et les oppositions systématiques aux projets industriels, la Normandie a su, avec réactivité, transformer une opportunité en projet concret. Comme un clin d’œil – ou un pied de nez – à ses voisins armoricains : le jour de la venue de Louis Le Duff, Hervé Morin a fait flotter au dessus du conseil régional normand… le drapeau breton.

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